© CDHS - SAINT-CLEMENT - 2019
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Bienvenue
sur l’Espace de…
« Joson et La Poux »
Les parfums,
les sourires de Mère-Grand !
Mère-Grand
a
vu
le
jour
dans
les
Hautes-Vosges
entre
deux
montagnes
verdoyantes.
Elle
est
née
avant
la
première
guerre
mondiale.
Elle
est
née
sans
plastique, sans téléphone, sans télé, sans internet, sans cliniques, sans congés de maternité.
Valérie,
tu
aimais
tes
parents
mais
ton
père
Victor
Augustin
Barbier
est
parti
bien
trop
tôt.
Il
n’a
pu
assister
à
ton
mariage
avec
Joseph.
Il
est
mort
la
même
année
en 1931.
Le
24
novembre
1945
Joseph
a
hérité
à
Sainte-Hélène
de
ses
parents
Renard
/
Thomas
plusieurs
lots
dont
un
hagis
aux
Voués,
de
près
à
Vreby,
Pré
de
la
Côte,
A la courte Pie, d’un verger Le Village, d’une maison lieu-dit Le Village. Cette maison se situait à cent mètres à peine de celle des parents de Joseph.
Quand les boches sont revenus pour la deuxième fois, tu étais à Sainte-Hélène. Joson ton mari était maçon.
Quand
il
est
revenu
de
la
guerre
il
était
faible,
pas
de
sang
comme
on
disait,
et
dans
les
Vosges,
être
faible
c’était
boire.
Et
il
buvait
le
Joson
!
Combien
d’hommes revenus de la guerre n’ont jamais pu reprendre leur rôle de père et d’époux !
Courageuse et active, tu travaillais pour Josette et ton gendre Hubert, et ensuite pour tes trois petites filles Jocelyne, Chantal et Claude.
À
Sainte-Hélène
dans
ta
maison,
on
entrait
chez
Mère-Grand
en
empruntant
l’allée
du
cimetière
et
par
la
porte
couleur
bleu
avec
quelques
barreaux
pour
rassurer.
On
pénétrait
par
la
cuisine,
la
grande
cuisine
où
une
table
ronde
avec
son
tapis
brodé
et
un
joli
vase
accueillait
le
visiteur.
À
droite
régnait
la
petite
cuisine,
celle
que Mère-Grand utilisait.
Sur
le
côté
droit
se
trouvait
un
meuble
en
formica
bleu,
puis
son
évier,
plutôt
la
pierre
à
eau.
Mon
père
Hubert
avait
installé
un
robinet
d’eau
froide.
Il
n’y
avait
pas
l’eau chaude. Au-dessus de la pierre à eau, une fenêtre donnait sur le potager du voisin.
En
face
se
tenait
le
fourneau.
Le
fourneau
toujours
alimenté
servait
de
chauffage,
d’eau
chaude,
de
gazinière,
de
séchoir,
de
machine
à
laver…
Tout
l’électroménager de ma Mère-Grand.
Ma Grand-Mère se tenait assise près de lui, le dos contre lui.
Un
poste
radio
se
trouvait
sur
la
table
avec
sa
toile
cirée
ornées
de
fleurs
printanières.
C’est
là
qu’elle
épluchait
le
journal
chaque
matin.
Juste
deux
chaises
c’était
suffisant.
Elle
était
seule,
et
la
voisine
venait
chaque
jour
boire
un
coup
de
café.
Et
à
côté
se
trouvait
le
buffet
garni
de
café,
chocolat
et
autres
saveurs.
Les dates de péremption ne servaient à rien. On ne gâche rien.
A côté se trouvait le frigidaire avec du beurre que tu allais chercher chez
La Pauline
.
La
p’tite
cuisine
était
le
cœur
de
la
maison,
la
chaleur
partait
de
là
et
faisait
ce
qu’elle
pouvait
pour
atteindre
les
autres
pièces.
Entre
les
deux
cuisines,
plus
de
dix degrés parfois les séparaient.
C’est
toujours
par-là
que
l’on
entrait.
Une
autre
porte
existait
pourtant,
c’était
la
grange.
La
porte
de
la
grange
donnait
sur
les
lapins,
le
foin,
la
charrette
à
herbe,
le
stock
de
charbon,
les
échelles
accrochées
sur
les
blocs
de
pierre.
En
traversant
la
grange,
on
prenait
la
porte,
souvent
verrouillée
depuis
la
grande
cuisine et il fallait se baisser !
Parfois l’été Mère-Grand nettoyait les haricots-ramant du jardin, des corbeilles entières à l’entrée de la grange !
Sa
maison
avait
froid
aux
extrémités.
Elle
aurait
été
classé
Z
dans
la
nomenclature
actuelle
du
niveau
énergie
consommée.
L’énergie,
comme
le
sang
dans
les
jambes de Valérie, circulait mal.
Quand Valérie lavait son carrelage, ses dalles en terre cuite, il se livrait une bataille écharnée du sec contre l’humide. Lorsqu’il pleuvait, le sol était aussi mouillé.
À
l’étage
se
trouvait
deux
chambres.
On
y
accédait
par
une
porte
gris-clair
donnant
sur
un
escalier
en
bois
datant
de
1888.
Dans
la
chambre
orientée
vers
le
cimetière reposaient de nombreuses pommes du verger durant tout l’hiver.
Au rez-de-chaussée se trouvait ta chambre avec un fourneau qui servait aussi de salle à manger. Je revois Joson arpenter les lieux en bougonnant.
Plus tard je t’ai installé un téléviseur en couleur avec un magnétoscope. Je t’ai offert une compilation de cassettes vidéo avec Fernandel, Bourvil, les Don
Camillo.
Tu écoutais aussi des cassettes que j’avais piratées ; tu aimais l’accordéon, les vieilles chansons françaises des années trente, Jacques Lantier, Berthe Sylva….
dans la petite cuisine.
Tu chantais les chansons françaises…
On n’a pas tous les jours vingt ans !
C’est aujourd’hui dimanche…
Un
beau
buffet
meublait
ta
grande
cuisine
avec
plusieurs
services
à
café,
une
collection
de
flacons
en
Baccarat,
un
Renard
en
«
Grés
flammé
»
.
Dans
ce
buffet, tu sortais chaque dimanche lors de nos visites un gâteau Kouglof avec ses raisins secs et une bouteille de Clairette de Die.
Depuis
cette
pièce
avec
une
trappe
on
accédait
à
la
cave
où
tu
stockais
les
pommes
de
terre
de
ton
jardin,
les
bocaux
de
mirabelles,
les
petits
pois
dans
des
bouteilles
en
verre.
Cette
cave
où
tu
as
cru
que
c’était
ta
dernière
heure
à
cause
de
la
guerre.
C’était
quelques
heures
avant
l’armistice.
Tu
vois
encore
le
regard
de ce boche et de sa mitraillette.
Et pour finir l’inventaire des pièces habitables, tu avais une cage de perruches vert et bleu qui a fini en bas de laine.
Au
fond
de
la
grange
se
trouvait
une
vraie
quincaillerie
où
je
jouais
à
la
marchande
pendant
mes
vacances.
C’est
là
qu’entreposait
Joson
des
boites
de
conserves
vides
ou
tous
autres
trésors.
«
C’est
des
vieilleries,
ça
ne
sert
plus
à
rien
»
,
me
disais-tu.
En
face
se
trouvait
son
établi
avec
un
grand
poêle.
Sur
la
porte
était
noté
«
JR
».
À
cause
de
toi,
de
l’atelier,
de
ta
maison,
j’adore
les
quincailleries
de
campagne
et
les
magasins
verts
:
les
sacs
de
graines,
les
outils
de
jardinage, les paniers, tout ce bric-à-brac de campagne. Ton regard est là et c’est là qu’est mon aspirine maintenant…
La petite cuisine
avec ton frère Paul et sa femme Emma.
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