© CDHS - SAINT-CLEMENT - 2019
© CDHS - SAINT-CLEMENT - 2019
Bienvenue
sur l’Espace de…
« Joson et La Poux »
En dix jours, environ 5 millions d’hommes partent sur le front. C’est plus qu’en 1914, lorsqu’il avait déjà fallu affronter les Allemands.
De
fin
septembre
1939
au
10
mai
1940,
on
l’appelle
la
«
Drôle
de
Guerre
»,
caractérisée
par
peu
de
combats
sur
son
territoire
et
une
attente
interminable
pour
les
troupes
campées sur la ligne Maginot face aux armées allemandes retranchées derrière la ligne Siegfried.
Le 10 mai 1940, ayant enfin réglé la question polonaise, Hitler lance son armée à l'offensive sur les Pays-Bas, la Belgique
et
la France.
Les
forces
anglaises
et
françaises
se
portent
à
l'intérieur
de
la
Belgique
à
la
rencontre
des
troupes
alleman
des.
Le
secteur
montagneux
des
Ardennes
est
plus
ou
moins
dégarni
de
troupes
car
réputé
impénétrable.
Or,
c'est
là
qu'à
la
surprise
des
états-majors
alliés,
Hitler
va
porter
son
principal
effort.
Le
front
est
percé
à
Sedan
le
14
mai
1940
et
les
armées
alliées
se
retrouvent
bientôt
encerclées
dans
la
poche
de
Dunkerque.
300.000
Britanniques
et
Français
embarquent à Dunkerque, du 28 mai au 3 juin 1940, pour la Grande-Bretagne, en abandonnant leur matériel.
Le
12
juin
1940,
le
vieux
général
Maxime
Weygand,
ancien
adjoint
du
maréchal
Foch,
appelé
en
catastrophe
à
la
tête
des
armées
françaises,
donne
le
signal
de
la
retraite,
cependant que plusieurs millions de civils quittent en hâte leurs foyers et fuient vers le sud, tenaillés par les mauvais souvenirs de l'occupation allemande en 1914.
Rappelez-vous Gerbéviller, Badonviller ?
Le 14 juin 1940, Paris est occupé, le gouvernement français s'enfui à Bordeaux. Le 16 juin 1940, le président Lebrun nomme à la Présidence du Conseil le maréchal Philippe
Pétain (84 ans) en lieu et place de Paul Reynaud.
L'armistice est signé à Rethondes, en forêt de Compiègne, le 22 juin 1940, dans le wagon même où avait été signé l'armistice du 11 novembre 1918.
Le
pays
est
coupé
en
deux
zones,
l'une,
au
nord,
occupée
par
la
Wehrmacht
,
l'autre,
au
sud,
dite
«libre»
et
administrée
par
le
gouvernement
français,
installé
à
Vichy.
Les
prisonniers, près de 2 millions au total, doivent rester en Allemagne jusqu'à la conclusion hypothétique d'un traité de paix.
Mussolini, le dictateur Italien, croit opportun de se rallier à Hitler. Il déclare la guerre à la France après que celle-ci eût été vaincue par la Wehrmacht, ce qui lui permet d'occuper
une zone frontalière dans les Alpes.
À Montreux Vieux
(À 155 km de Sainte-Hélène dans le Haut-Rhin)
Le 19 juin 1940, avec son bataillon, Joson se bat contre une division allemande et est fait prisonnier.
Sa compagnie ayant causé beaucoup de dégâts aux Allemands, Joson et ses camarades auraient dû être fusillés mais seront sauvés
grâce à l'intervention d'un officier.
Abattus, découragés, sans hygiène, désarmés, complétement désœuvrés, affamés déjà par plusieurs jours de retraite difficile, voici
donc les hommes rassemblés au bord des routes, toutes unités et tous grades mêlés. Humides et sales, Joson était là parmi des milliers
d’hommes avec sa fatigue, la faim et cette soif terrible. Il mangeait de l'herbe car il n'y avait rien d’autre à manger.
Quelques soldats Allemands, souvent peu nombreux, jeunes, bien armés, encadrent ce troupeau vaincu de soldats Français pris au
piège. Il se produit parfois des incidents. Des gardiens se livrent à des fouilles intempestives, à des larcins collectifs ; d’autres se
montrent brutaux et jouent d’emblée de la crosse et de la baïonnette.
A l’heure du couvre-feu, les mitrailleuses se mettaient en batterie et par salves successives à mi-hauteur au-dessus des têtes,
dissuadaient ceux qui auraient eu l’intention de s’évader.
Les marches avaient pour but de les rapprocher au plus près de leur frontière.
A l’issue de la marche, le soir, c’est le cantonnement. Pour loger cette masse énorme de captifs, rien ne pouvait être prévu. Les
casernes, les écoles, les bâtiments publics disponibles sont trop exigus pour contenir tout le monde. Au mieux, on y loge les officiers,
les premiers arrivés et les plus débrouillards des hommes de troupe. Les autres sont parqués dans les cours, dans les prairies, entassés
à la belle étoile pour une nuit d’étape entre deux marches forcées, avec un peu de nourriture et d’eau chichement distribués avant de
reprendre le lendemain matin la route vers un autre cantonnement aussi inconfortable.
Lors des premiers contacts non belliqueux de ces soldats victorieux, ils nous déclaraient dans un mauvais français : “Pour vous guerre finie et bientôt, retour Parisss”.
Avant d’être transférés en Allemagne, un nouveau slogan encore plus mensonger nous attendait “Afin de pouvoir vous renvoyer dans vos foyers, il faut que vous soyez, pour respecter les accords de GENEVE contrôlés par
une NATION neutre : la SUISSE “.
Comment ne pas les croire même s’ils affirmaient qu’il était plus facile de passer par chez eux.
Après l’embarquement, les trains s’ébranlent. Commence alors une des dures étapes du calvaire de Joson. Pourvus d’une nourriture dérisoire, privés d’eau, les enfermés roulent, secoués dans des wagons
sans amortisseurs. Joson et ses camarades respirent péniblement dans l’atmosphère confinée de cet espace étroit, comblé d’hommes obligés de faire sur place tous leurs besoins ; car il n’y a, en général, qu’un
arrêt par jour au maximum pour cet usage. Le train stoppe en rase campagne, Joson et les autres hommes descendent et s’alignent au bord des remblais, au plus près du train, surveillés par les sentinelles, pour
soulager leur vessie et leur ventre. Cinq minutes après, pressés de coups de crosses, ils regagnent les wagons.
Voyage en wagons à bestiaux, qui dès le passage de la frontière étaient la cible des jets de pierres des gamins Allemands.
Les plus solides cessent, en effet, très vite de blaguer, de chanter, quand le voyage prend le cours d’une longue traversée.
Vers où ? C’est la question lancinante que Joson se pose.
Car l’espoir d’un retour vers la France libre, vers la démobilisation et la libération, berce encore d’une illusion tenace la majorité de ces prisonniers livrés à un sort sur lequel ils n’ont aucune prise. Rares sont ceux
qui savent et admettent, au début du transfert, qu’on les emmène en Allemagne.
C’est seulement à ce moment-là que Joson réalisa l’étendue de sa naïveté. Ces merveilleux camps entourés de barbelés n’étaient pas seulement un transit vers la Suisse.
Bien gardés par des sentinelles en armes, surveillés du haut des miradors équipés de mitrailleuses, ce n’était pas pour rire qu’ils m’accueillaient, et certainement pour
longtemps.
Joson découvrit alors que les stalags étaient implantés de telle sorte qu’ils couvraient tout le territoire, permettant de distribuer et de contrôler cette main-d’œuvre.
Joson comprenait qu’il allait être exploité gratuitement. Partout où un prisonnier sera employé, il remplacera un ou plusieurs travailleurs Allemands.
Ainsi Hitler grossissait ses effectifs militaires, ce qui lui permettrait de poursuivre et de mener à bien la tâche qui lui était assignée.
Les prisonniers Allemands captifs en France se plaignaient de ne pas savoir combien de temps leur captivité durerait.
Croyez-bien que Joson s’est posé la même question.
Où vas-tu Joson ?