© CDHS - SAINT-CLEMENT - 2019
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Bienvenue
sur l’Espace de…
« Joson et La Poux »
Libéré de l’esclavage
après 4 ans et 11 mois...
La Liberté !
mais pas tout de suite…
Noêl : Jeudi 3 Mai 1945
Joson au cœur du Reich
Les
P.G.
ont
vécu
la
guerre
à
l’intérieur
du
Reich.
Maître
momentané
de
l’Europe
entière,
celui-ci
était
devenu
un
vase
lieu
d’exil
et
de
détention
pour
des
millions
d’hommes
de
toutes
nationalités,
avec
lesquels
les
prisonniers
français
ont,
plus
ou
moins,
cohabité.
Joson
a
vécu
au
milieu
de
la
population
allemande. Il a suivi ainsi son évolution et, dans une certaine mesure, contribué à celle-ci. Il l’a connue de près en tout cas.
Joson
attaché
à
l’Arbeit
Kommando
C456
a
eu
des
relations
suivies
avec
la
population
civile.
C’est
ainsi
qu’il
s’est
trouvé
mêlé,
pendant
cinq
ans,
à
la
vie
du
peuple allemand en guerre.
Le
comportement
des
Allemand
vis-à-vis
des
P.G.
Français
est
en
effet
souvent
lié
à
l’attitude
que
certains
d’entre
eux
entretiennent
secrètement
à
l’égard
du
régime et de la politique de leur pays.
La
population
allemande
est
restée
beaucoup
plus
diversifiée
dans
ses
opinions
que
l’on
ne
peut
penser,
malgré
la
chape
de
plomb
qui
fait
peser
sur
elle,
depuis 1933, la dictature nazie. Une opposition tacite mais pas toujours inactive.
La
captivité
a
été
longue
malgré
la
monotonie
des
jours.
Des
remous
l’on
périodiquement
agitée
:
répercussions
des
tractations
politiques
et
du
déroulement
de
la guerre.
Le retour
Les
alliés
prennent
en
charge
Joson.
Néanmoins
Joson
repart
coucher
dans
la
ferme
car
l'intendance
alliée
a
du
mal
à
suivre
et
il
y
a
tant
de
prisonniers
à
prendre
en
charge.
Malgré
la
situation
l'accueil
dans
la
ferme
où
Joson
revient
est
bon,
et
il
sent
monter
l'inquiétude
chez
les
Allemands
qui
le
questionnent
sur les intentions des alliés.
Joson a bien peu de réponse à apporter.
Après quelques jours, Joson réunit ses quelques affaires et pars à pied puis en camions, des GMC, car les voies ferrées sont inutilisables.
Malgré
la
joie
du
retour,
les
retrouvailles
sont
difficiles
avec
un
pays
si
éloigné
de
celui
dont
Joson
a
rêvé
pendant
sa
détention
et
dans
lequel
il
faudra
réapprendre à vivre.
Ce
train
s’arrête
très
souvent
et,
la
plupart
du
temps
il
marche
à
vue.
Vitesse
vingt
à
trente
kilomètre/heure.
Sur
la
locomotive
se
trouvent
notamment
deux
militaires
Américains
responsables
du
convoi.
La
nuit,
ils
tirent
des
fusées
rouges
ou
vertes
selon
que
le
train
est
arrêté
ou
qu’il
continue
sa
marche
prudente.
Des
arrêts
indispensables
sont
faits
en
pleine
nature
ainsi
que
dans
certaines
gares
pour
le
ravitaillement
en
eau.
Ces
gares
sont,
pour
la
plupart,
complètement
dévastées,
ce
qui
permit
de
récupérer
quelques
planches
que
Joson
dispose
en
travers
sur
les
côtés
du
wagon,
fournissant
ainsi
des
sièges
bien à la hauteur !
Le
Rhin
sera
traversé
en
pleine
nuit
sur
un
pont
présentant
à
l’endroit
de
sa
destruction
de
simples
longrines
pour
supporter
les
rails.
Drôle
d’effet
pour
Joson
qui est assis les jambes pendantes dans le vide !
Dans
l’après-midi
Joson
débarque
dans
une
gare
où
il
est
aussitôt
accueilli
dans
un
centre
très
bien
organisé.
Malgré
cela,
en
raison
du
nombre,
Joson
devra
dormir comme beaucoup d’autres, directement sur le parquet d’une grande pièce. La plupart d’entre eux, et Joson en particulier, sont atteints
d’
«
éléphantisme
»
…
disaient-ils.
Ils
avaient,
en
effet,
avec
les
chevilles
enflées,
de
véritables
pattes
d’éléphant.
C’est
la
conséquence,
d’après
les
«
toubibs
»,
de la station très prolongée des jambes pendantes.
On les regroupe. On leur donne des vêtements propres. Les leurs avaient duré cinq ans!
Joson reprend le train et va vers Arras. Il est
sur le sol Français !
Il faut se séparer d'avec les copains, avec certains, Joson est depuis près de cinq ans. Il s'est créé des liens forts. On se contactera, on se reverra…
Dès
les
premières
villes
traversées,
Joson
découvre
une
France
marquée
par
les
misères
de
la
guerre,
les
destructions,
la
persistante
pénurie.
Surprise
de trouver les boutiques si mal achalandées, les tickets nécessaires pour se procurer les produits encore rationnés.
Valérie et Josette n'avaient plus de nouvelles de Joson depuis six mois.
« Est-il mort ? »,
pensent-elles.
Joson est rentré le dernier de la commune de Sainte-Hélène à rentrer.
Arrivé à Sainte-Hélène à pied, avec une paire de bottes russe attachée sur lui, Joson reconnu Valérie, son épouse.
D’un geste machinal et habituel, Valérie essuyait ses mains dans son tablier. Elle souriait les larmes aux yeux.
Josette était à côté d’elle. Cet inconnu lui faisait peur.
La main de Valérie poussa Josette vers Joson, son père, mais elle était trop intimidée ou plutôt elle ne savait pas qui il était.
Et puis,Josette souri à Joson.
Alors Joson s’est jeté à son cou.
Il a porté sa fille Josette dans ses bras.
Aucune force au monde n’aurait pu les séparer
.
« C’est ton Papa »
souffla Valérie.
Et tout le reste n’était que silence, un silence magique qui isolait des bruits et des mots comme une bulle de tendresse et de complicité.
Et
puis,
ils
sont
arrivés,
les
frères
et
sœurs,
les
voisins,
les
amis.
La
même
question
revenait
sans
cesse
:
«
Alors,
Joson,
c’était
comment
là-bas
?
».
Joson
penchait
un
peu
la
tête,
l’air
pensif,
un
petit
sourire
au
coin
des
yeux.
Ce
n’était
pas
encore
le
moment
de
raconter,
si
toutefois
ce
moment
devait
arriver
un
jour…
Joson
est
orphelin.
Son
père
est
décédé
en
1943
pendant
la
guerre.
Joson
se
rend
au
cimetière
à
Sainte-Hélène
derrière
sa
maison
prier
sur
la
tombe
de
ses parents.
Papa ?