© CDHS - SAINT-CLEMENT - 2019
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Bienvenue
sur l’Espace de…
« Joson et La Poux »
Joseph Renard
Kriegsgefangener
K.G. au Stalag IIA
(Funfeichen)
Matricule 62085
Le
stalag
IIA
était
un
endroit
déprimant
et
désolé.
La
caserne
était
morne
et
sombre
avec
une
mauvaise
ventilation
et
des
rangées
de
couchettes
de
paille
couverts
empilés
de
quatre
lits
élevés.
Il
y
avait
des
installations
maigres
pour
l'hygiène
personnelle
ou
la
vie
privée.
L'odeur
de
la
mort
était
partout.
Le
stalag
IIA,
pour
Joson, était l'endroit le plus déprimant.
Arrivé
au
camp,
Joson
entre
dans
un
monde
organisé
auquel
introduit
une
série
d’opérations
concrètes.
Ce
sont
les
différentes
étapes
de
la
prise
en
charge
définitive
des
Prisonniers
de
Guerre
par
la
grande
machinerie
administrative
de
la
Wehrmacht.
Elles
occupent
les
tout
premiers
jours.
Successivement,
par
lots
compacts,
les
Prisonniers
de
Guerre
vont
subir
la
fouille
dès
l’arrivée
au
camp.
Fouille
complète,
occasion
de
délestages
plus
systématiques
que
ceux
essuyés
parfois
lors
de
la
capture
de
la
part
de
certains
vainqueurs.
Joson
remet
rapidement
tout
ce
qu’il
a
de
personnel,
y
compris
l’argent
français.
Il
faut
abandonner
tout
l’équipement du soldat captif.
Ensuite
vient
l’épouillage
des
vêtements
et
des
corps.
Les
effets
enlevés
sont
déposés
dans
des
sacs
pour
passer
à
l’étuve
avant
d’être
restitués
à
la
sortie
à
leurs
propriétaires.
Ceux-ci
nus,
sont
poussés
en
groupes
dans
les
locaux
où
on
leur
badigeonne
le
corps
de
produit
à
épouiller,
les
livre
à
la
douche
collective,
suivie
de
l’attente, toujours nus, du retour des vêtements.
L’opération
la
plus
importante
en
effet,
celle
qui
fait
définitivement
de
Joson
un
K.G.,
Kriegsgefangener
,
c’est
l’immatriculation.
Après
avoir
décliné
les
coordonnées
personnelles
qui
vont
être
portées
sur
la
fiche
de
la
Kartei
(le
service
du
fichier),
Joson
se
voit
affecter
un
numéro
matricule 62085.
Joson
sera
photographié
avec
ce
matricule
sur
une
ardoise
qu’il
tient
pour
la
circonstance
à
hauteur
de
l’estomac.
Il
n’est
pas
beau
à
voir
Joson,
traits
tirés
après
les
tribulations
récentes
de
la
capture, des marches successives et du parcours en train. Les K.G. ont tous l’air de bagnards.
Ce
numéro
matricule
gravé
sur
plaque
de
métal,
le
P.G.
devra
l’avoir
toujours
sur
lui,
prêt
à
être
présenté
à
toute
réquisition.
Pour
l’autorité
allemande
désormais, il s’identifie à ce numéro. Cette plaque devient la marque distinctive, l’insigne même de sa condition de captif.
Au point qu’elle pourra, le cas échéant, le sauver des griffes de la police civile et de la Gestapo, s’il est repris en cours d’évasion.
Chaque
P.G.
gardera
ce
numéro,
restera
rattaché
au
camp
où
il
a
été
immatriculé
à
son
arrivée
en
Allemagne,
pendant
toute
la
durée
de
sa
captivité,
quels
que
soient
ses pérégrinations et changements d’affectation ultérieurs.
Ce matricule a été tatoué sur l’avant-bras gauche de Joson.